LES CHRONIQUES DE RICARDO 316

Les mouches se font rares, elles ont froid, tremblent de tous leurs membres d’insectes (glagla !).

Nous leur avons avec beaucoup de soin, d’attention et de délicatesse, tricoté des jolis pulls afin qu’elles passent un hiver confortable et chaud.

Pour nous remercier, elles ont mis en place une petite chorale charmante.

Une mouche qui chante, croyez-le ou non, c’est très mélodieux.

Aux informations, mauvaises nouvelles, toutes les stars d’hier, succombent une à une.

Pas une journée sans qu’une vedette du Top cinquante ou un acteur ne disparaisse à tout jamais.

J’ai toute la collection des Compagnons de la chanson en vinyle et pas une année sans que l’un d’eux ne s’envole vers les cieux.

Pour les mécaniciens qui trépassent, on précise, l’essieu.

Faut dire qu’en tant que compagnons, ils étaient nombreux.

Bref, le dernier n’est plus…

Que des mauvaises nouvelles !

Dans le train, ce matin, j’ai hurlé pour emmerder les gens assis, la chanson Une cloche soooonneuu, soooonneuuuuu....

Certains se sont réveillés brutalement, eux qui somnolaient, d’autres n’ont pas vraiment réagi.

J’aurai dû baisser mon froc, tiens !

Les gens n’apprécient plus rien.

Samedi, j’étais (indien) avec les Gilets Jaunes, une folle ambiance à base de fumigènes, de balles en plastiques et de gentils CRS.

Les yeux rougis d’émotion, nous sommes, moi, moi et moi, rentrés chez nous.

Madame O éclaboussait de sa lumière le salon baigné dans la pénombre.

Un ange déployant ses ailes avec son regard de jeune fille.

Les perruches étaient très jalouses, les poissons rouges, deux secondes plus tard, ne se souvenaient plus de rien.

Figurez-vous, qu’en plus des vêtements que nous avions offerts aux mouches, Madame O avait fabriqué de ravissants petits lits pour nos insectes sculptés dans des boîte d’allumettes.

Néanmoins, devant son air un peu fatigué, je m’inquiétais.

Elle avait passé l’après-midi à lutter contre des araignées gloutonnes qui voulaient gober nos tsés tsés adorées.

Sur le sol, gisaient ces affreuses bestioles velues de loin.

Victoire !

Pour fêter cela pendant que les mouches sous leurs couvertures, pattes en l’air, rêvaient en faisant des petits bruits de mouches, nous bûmes un litre de champagne chacun.

Puis, nous mangeâmes un bon cassoulet, plein de fayots.

La journée s’acheva tranquillement, nous jouâmes aux petits chevaux.

Puis, nous nous cherchâmes toute la nuit sous la couette.

Ricardo Santiago le 19 novembre 2019