Kiroule en odeur de sainteté.

Jeudi, le retour du jeudi…

Ambiance festive, coronavirus, décompte des morts, Kiroule a la migraine.

Les bandits des banlieues, épidémie ou pas, continuent de trouver des prétextes pour casser, vandaliser sous les applaudissement d’un gouvernement lâche.

Il faut sauver la France, passer au travers des mailles de policiers zélés qui dégainent les amendes plus rapidement qu’ils n’appréhendent les voyous.

Un béret, une barbe mal taillée, des vêtement mités, un visage creusé et triste, Kiroule s’est transformé avec des bouts de ficelles en… capucin. En père capucin, pas en lièvre. Faut suivre un peu.

Transports en commun des heures durant avant d’arriver à bon port, dans la jungle de béton aux tours anxiogènes et désolantes.

La racaille grimpe sur des voitures, il sort sa croix, balance des discours monotones et sentencieux, en évitant quelques boulons.

Kiroule compose un homme de bien avec talent, malgré sa touffe blonde.

Il apaise les crétins, ils sont sous le charme de ce charismatique bonhomme.

Mis à part le crépitement des flammes qui rongent des carcasses de métal, plus le moindre bruit.

Les dealers demandent pénitence à genoux, Pierre est un artiste.

Chacun retourne se calfeutrer chez soi, plein de regret pour les fautes commises et débordant de reconnaissance pour le Seigneur. Il faut dire que Kiroule avait rajouté de la gnole dans l'eau bénite et il a aspergé copieusement l'assemblée. Il faisait chaud, ils avaient soif, tout s'explique.

Kiroule n’est pas peu fier, il s’en va siffler là-haut, sur la colline avec son bouquet d’églantines.

Neuf heures du matin, ses yeux s’ouvrent à peine, ce n’était qu’un songe, jamais il ne deviendra l’abbé Pierre, mais il s'en fout.

Pendant ce temps, la connerie continue a se propager comme une pandémie.

Ricardo Santiago le 25 avril 2020