Ricardo ce héros

Ricardo ce héros

Jeudi... Il pleut sauf à Noisy le Sec.

Mon compagnon muet, Bernardo, m'explique je ne sais quoi avec ses mains, je hoche la tête en signe d'approbation. C'est la crise et les héros se déplacent en transilien. Tornardo, mon canasson, est mort d'épuisement. Les distances Provins- Paris et l'inverse ont eu raison de sa puissance chevaline. Arrivé gare de l'est, je me change dans les toilettes. Et hop ! C'est parti pour quelques héroïques combats. J'embroche à tours de bras avec mon épée en aluminium, je mets de l'ordre dans la ville puisque tout le monde s'en fiche et que la société pourrit lentement. Les petits chômeurs de demain, les hypothétiques futurs footeux, tous applaudissent mes aventures mises en images par M6 et les histrions de Plus belle la vie. J'ai conservé une cape, un masque noir et un masque blanc pour combattre le Coronavirus. Je bondis, saute de toît en toît, d'HLM en HLM, avec ma croix pour me protéger, bien en évidence, brillante, polie au Miror. Pourquoi après tout devrais-je me contraindre quand d'autres m'imposent la vision de leurs croyances ? J'ai mis de l'ordre aujourd'hui dans la cité . Les flics me traquent, ils peuvent courir ! Je suis virtuel, un bonhomme dans un jeu vidéo. Je meurs mille fois et revis tout autant. Une belle existence où jamais la mort ne me fauche et où jamais je ne suis fauché. Ça compte aussi. Ah ça vous la coupe hein ! Ça vous la scie en rondelles !

Ricardo Santiago le 26 septembre 2020

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